Peut-on trouver son bonheur au Salon de l’auto en louant sa voiture?
C’est une des tendances du Salon de l’auto qui sera inauguré ce jeudi. Les offres de «private lease» se multiplient. Intéressant?
«Les habitudes des consommateurs changent. Demain, la détention de la voiture ne sera plus une priorité; on achètera un usage. Le private lease, c’est le début de cette transformation», juge Richard Tougeron, directeur chez Nissan Belux. En décembre, le Japonais a introduit ses premières offres de leasing pour particulier.
Par exemple: s’offrir une Micra à 229€ par mois, sur 42 mois et 30 000 km. Le «private lease», c’est cela: une formule «all in» pour un budget bien fixé et une tranquillité d’esprit de plus en plus recherchée: entretiens, réparations, assurances, taxes, assistance, tout compris. Ce qui était jusqu’ici réservé aux cadres d’entreprises l’est désormais à tous. Il n’y a que le carburant à ajouter.
«Des montants irréalistes»
Au salon, une dizaine de constructeurs présentent désormais une offre «interne», ce qui n’empêche pas de trouver leurs modèles, de plus en plus divers, dans les propositions des classiques sociétés de leasing, qui occupent également ce marché prometteur.
«Pour l’instant, on est juste en dessous de 5% des ventes aux particuliers mais on y croit fort et on vise jusqu’à 10% du marché», explique Michel Retour, porte-parole chez Opel. La marque allemande a été pionnière dès 2016, en lançant des offres «one shot» particulièrement alléchantes dans les Media Markt ou chez Carrefour.
Ces «coups» marketing ont mis «des montants irréalistes dans la tête des gens», déplore toutefois Olivier Deutchman, responsable chez l’importateur d’Hyundai, également sur la balle. «Après cela, les gens ont automatiquement associé le private lease à quelque chose de cheap. Mais les constructeurs sont en train de venir avec des offres plus structurées, pour casser cette image», évalue Marc Demoulin, responsable de Link2fleet, qui a développé une plate-forme internet (www.myprivatelease.be) qui concentre les différentes offres. On trouve désormais des modèles plus familiaux, à 500 ou 600€ par mois. «Ce qu’il faut regarder, c’est votre besoin en tant que client», ajoute encore Olivier Deutchman.
Jeunes assurés à bon prix
Le private lease ne s’adresse pas vraiment aux gros rouleurs. «Ce sont essentiellement de petits modèles, parce que les kilométrages sont limités, résume Marc Demoulin. La cible principale, ce sont les jeunes conducteurs qui n’ont pas besoin d’un véhicule spacieux. Avec une mise de départ assez faible, ils ne doivent s’occuper de rien et peuvent changer de voiture rapidement. Surtout, ils ont un accès moins cher à l’assurance, car quel que soit l’âge ou l’expérience, les primes seront les mêmes puisqu’elles sont mutualisées.» Un argument qui a son poids quand on sait le coût de se faire assurer pour un jeune. Chez Opel, le private lease est accessible dès 18 ans.
«C’est aussi une solution pour les parents qui veulent donner un moyen de mobilité aux enfants pendant une courte durée», souligne Jean-Pol Renaux, le patron de Renault Belgique. «C’est une tendance lourde, mais ce n’est qu’une partie de l’offre de mobilité. Je pense qu’on ira plus loin. Les gens paieront pour se déplacer en fonction de leurs besoins.»
«Le client belge aime encore beaucoup posséder sa voiture plutôt que la louer», tempère toutefois Eberhard Kern, le CEO allemand de Mercedes Belux, ce qui n’empêche pas la marque de luxe d’étoffer aussi ses offres. En Hollande, de fait, ce marché s’est développé nettement plus rapidement.
Jean-Christophe Herminaire
L’Avenir, 11 janvier 2018